
Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)

Et puis j’ai longtemps négligé le prix et l’importance de chaque journée. Je me suis résigné à tout un tas de choses, j’en ai accepté d’autres par lâcheté, j’ai vieilli, et un jour, je me suis rendu compte qu’il n’y avait rien, ni devant, ni derrière, rien dans ma vie, rien dans aucune Église et qu’il était trop tard.
Jean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
Nous nous étions aimés dès la première seconde et, bien sûr, resterions inséparables jusqu’à l’instant de notre mort. Une semaine durant, nous vécûmes ainsi, couchés l’un sur l’autre, l’un dans l’autre, l’un à côté de l’autre, dans les bras l’un de l’autre.
Jean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
Ou à l’imposante carrure de Marie. Je l’avais appelée un après-midi au cabinet de Hoover. Elle travaillait toujours avec lui mais vivait encore dans son appartement personnel. Je lui avais dit que cela me ferait plaisir de la revoir, mais elle avait très gentiment décliné mon offre, m’expliquant qu’elle n’avait plus envie de compliquer sa vie avec
... See moreJean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
Ensuite Laure me fit le genre de confidences qu’un homme a rarement l’occasion d’entendre durant son existence. – Tu vois, Paul, je crois que deux hommes m’auront marquée dans ma vie. Toi, parce que d’une certaine façon tu as été le plus gentil, et Simon, parce qu’il a été le seul à me faire jouir.
Jean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
Je ne souffrais pas de ma solitude, même s’il m’arrivait de prendre conscience qu’elle était en train de désassembler les éléments constitutifs de ma vie. Je la sentais me démonter pièce par pièce, me déconstruire de l’intérieur, m’enlever des composants réputés ne plus devoir servir. Ainsi, des sentiments comme la joie, le plaisir, le bonheur, l’e
... See moreJean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
Anna avait raison, j’avais trop longtemps vécu hors du monde réel. Négligé aussi le fait que, désormais, il fallait travailler vite, être disponible, réactif, comme ils disaient tous. Les envies et les modes bougeaient à la vitesse de l’éclair. Il était hors de question de laisser souffler les hommes et les machines. Produire et livrer sans cesse d
... See moreJean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
Comment faire entendre à un auditeur impartial que l’on est encombré de soi-même, qu’à force de négligence et de facilité l’on ne sait plus par quel bout mener sa vie.
Jean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
J’avais, à l’époque, la faiblesse de penser être un père disponible, présent, très proche d’eux. J’étais persuadé de les connaître intimement. De partager l’essentiel de leur vie. En réalité, ils voyaient en moi une sorte d’inadapté social, de collatéral perturbant, brouillant les repères, vivant sans horaires, ni projet, ni but, jouant les hommes
... See moreJean-Paul Dubois • Une vie française - Prix Femina 2004 (French Edition)
La petite fortune que m’avaient rapportée mes arbres disparut de manière aussi subite qu’elle avait surgi. La vie indolente que j’avais menée jusque-là était terminée. À cinquante ans j’allais devoir travailler, respecter des horaires, mais, d’abord, trouver un emploi, moi dont le dernier véritable salaire remontait au milieu des années soixante-di
... See more