André Gorz : « Pour vivre mieux, il s’agit désormais de produire et de consommer autrement, de faire mieux et plus avec moins, en éliminant pour commencer les sources de gaspillage (exemple : les emballages perdus, la mauvaise isolation thermique, la prééminence du transport par route, etc.) et en augmentant la durabilité des produits53 », autremen

Les décroissants, comme on s’en doute, ne vouent qu’un respect modéré aux prétendues lois de l’économie. S’ils trouvent le slogan présidentiel, travailler plus pour gagner plus, obscène, ce n’est pas tant parce qu’il va à l’encontre des tables de la loi, mais d’abord parce que les horaires actuels de travail sont déjà excessifs. Ils dévorent la vie

moins que l’atonie de la consommation, c’est bien la surconsommation ou l’hyperconsommation qui demeure l’ennemi principal.

« On ne peut pas résoudre la crise environnementale sans résoudre les problèmes sociaux », martelait déjà Murray Bookchin en 199011.

Cependant, sur le terrain de l’emploi, certains objecteurs de croissance, se référant à « nos ancêtres qui pour survivre travaillaient ardemment et surtout péniblement », pensent même que, loin de créer du chômage, la décroissance exigerait une élévation de la durée du travail et créerait du suremploi42.

De toute façon, il semble très loin désormais le temps où André Gorz pouvait écrire : « La semaine de trente heures […] est l’objectif de la plupart des syndicats et des partis de gauche européens. […] Sur ce point, (la nécessité et le caractère souhaitable de la réduction du temps de travail), ajoutait-il, l’accord est à peu près général5. »

Cette « croissance verte » ne doit cependant pas faire illusion, comme tentent de le faire croire les partisans du développement durable, elle est et doit être provisoire, accidentelle en quelque sorte, tout en contribuant à la rupture avec la religion de la croissance. En particulier, elle ne signifie pas une baisse systématique de la production e

Dans ces conditions, adopter le projet de la décroissance condamnerait, pense-t-on, à aggraver le chômage. Cette croyance est d’autant plus ancrée chez les travailleurs et les syndicats que la décroissance est indissolublement liée à l’écologie politique et que les partis politiques qui se sont approprié les revendications écologiques se sont dével

Il faudrait changer radicalement les règles du jeu. Cela suppose d’abord de lever deux tabous qui sont à la base de la construction européenne voire de la mondialisation néolibérale : le tabou du protectionnisme et celui de l’inflation. Le projet de la décroissance implique, pour la période de transition pendant laquelle, en attendant de pouvoir ab