
Les cavaliers (French Edition)

Ainsi courait, volait Ouroz à travers la steppe, dans sa majesté, son silence et toutes ses saisons. Et si, d'aventure, il fut en paix, en félicité avec le monde et lui-même, ce fut bien alors. Mais il était fait pour vouloir du sort et de lui-même toujours davantage. Un bonheur égal, étale, finit par ne plus être un bonheur. Ouroz détacha sa tête
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Bien que la voix de l'aveugle semblât incapable d'émotion, elle portait une trace de ce plaisir que les gens très âgés éprouvent à se souvenir qu'ils ont été contemporains d'événements et d'hommes passés à l'histoire.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Ouroz fixait strictement ses yeux à peine bridés sur l'espace que la foule ouvrait pour lui dans sa propre substance. Pour lui, mieux encore que pour le commun des tchopendoz. N'était-il pas le plus célèbre ? A cet hommage unique et aux éloges qui l'escortaient, Ouroz semblait aveugle, sourd, et hostile. C'est que, une fois de plus, il se trouvait
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Console-toi de la sorte, je le veux bien, dit Guardi Guedj. Tu es très fort, je le sais, ô Toursène... Seulement il est des jours où le plus fort autant que le plus faible a besoin de se voir secouru et d'aimer ce secours. Il faut à l'homme qu'il soit tantôt protecteur et tantôt protégé.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Le Livre des Livres était bien le même, je pense, au temps de Babour que du nôtre ? demanda-t-il. – Dans chaque ligne, mot et virgule, dit Guardi Guedj. – Ce qui a changé, alors, c'est l'esprit de ceux qui l'enseignent ? dit Ouroz. – Ou leurs sentiments, dit Guardi Guedj. – Qui donc, entre les maîtres d'autrefois et d'aujourd'hui, dit encore Ouroz,
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Comment fais-tu, Aïeul de Tout le Monde, pour te souvenir de tant et tant ? – Les yeux et le cœur se rappellent sans peine ce qu'ils ont aimé, dit Guardi Guedj. Ton
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Quoi, se demandait Toursène, quoi ! En suis-je arrivé à désirer pour Ouroz une petite maison, un lopin de terre, une femme à la cuisine, des enfants à torcher et ce rire de niais heureux ? » Il se souvint du rictus de loup sur les lèvres impitoyables, insatiables de son fils et sentit le baume de la fierté régénérer son vieux sang. Pour Ouroz, il n
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S'il n'est pas de mortel qui ait le droit de dire « toujours », il n'en est pas davantage qui puisse dire « jamais ». Et, voici que je vous en apporte une preuve nouvelle : pour la première fois dans les temps et les temps, on va jouer le bouzkachi de l'autre côté de l'Hindou Kouch, aux environs de Kaboul, la capitale.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Toursène salua comme il convenait le maître des lieux et ses hôtes. Et eux, bien que supérieurs par le rang, la fonction ou la fortune, ils lui répondirent comme à un égal, courtoisie pour courtoisie, hommage pour hommage. Puis, tandis que Toursène s'allongeait, prenait ses aises, aspirait lentement et bruyamment le brûlant liquide, tout le monde g
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