
Les cavaliers (French Edition)

Mais de mourir, dit le forgeron. – Il ne fallait pas, dit doucement le vieil homme. – C'est facile à penser, répliqua le forgeron avec vivacité mais gentillesse, c'est facile quand on est, grand-père, aussi près de la mort que tu l'es. – Moins près que toi, mon fils, dit le vieillard. Car toi, tu la redoutes. – Comme tout le monde... s'écria le for
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Ainsi courait, volait Ouroz à travers la steppe, dans sa majesté, son silence et toutes ses saisons. Et si, d'aventure, il fut en paix, en félicité avec le monde et lui-même, ce fut bien alors. Mais il était fait pour vouloir du sort et de lui-même toujours davantage. Un bonheur égal, étale, finit par ne plus être un bonheur. Ouroz détacha sa tête
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Bien que la voix de l'aveugle semblât incapable d'émotion, elle portait une trace de ce plaisir que les gens très âgés éprouvent à se souvenir qu'ils ont été contemporains d'événements et d'hommes passés à l'histoire.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Sa politesse était extérieure et toute machinale. Cent mille ou cinq cent mille ou deux afghanis – il s'en souciait bien ! Le fait essentiel, admirable, unique était qu'il allait jouer son retour à Maïmana, sa victoire contre Mokkhi, lui-même et le monde, son honneur et son âme, sur un seul coup de chance et d'instinct. Et seul contre tous. Puissan
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« Un homme n'est véritable », se dit Toursène, « que s'il accepte d'une âme égale l'événement auquel il ne peut rien. La tâche est beaucoup plus rude, je le vois, lorsqu'il s'agit de celui qu'on aime. N'importe. Les bonheurs et les tourments de la tendresse ne peuvent échapper à la loi. Ils font partie de tout ce que le soleil éclaire et recouvre l
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Je suis trop vieux, dit Toursène d'une voix sourde et brutale. – Tu ne l'es pas assez, dit Guardi Guedj. Tu souffres encore de le devenir. – Explique mieux, dit Toursène. – La vieillesse véritable, dit Guardi Guedj, est au-delà de tous les tourments. Elle a oublié les maux d'orgueil, de regret, d'amertume. Elle ne jalouse pas la force de son propre
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Toursène se souvint d'une parole de Guardi Guedj : – La meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur la terre.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Quelle course ! Jamais Toursène n'en avait eu d'aussi belle. Cette steppe il l'avait martelée de mille galops. Mais ces chevauchées étaient un droit, un dû, une habitude. Celle-ci, qu'il menait au mépris de l'âge et d'un corps perclus, elle lui venait du ciel, il la tenait d'Allah. La dernière assurément : les prodiges, dans leur nature même, étaie
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Il étreignit le cou de Jehol. Mourir – oui. De cette manière – jamais. Les hontes de la vie, on les pouvait corriger, racheter. Le déshonneur dans la manière de mourir ne s'effaçait point...