
Les cavaliers (French Edition)

Mais de mourir, dit le forgeron. – Il ne fallait pas, dit doucement le vieil homme. – C'est facile à penser, répliqua le forgeron avec vivacité mais gentillesse, c'est facile quand on est, grand-père, aussi près de la mort que tu l'es. – Moins près que toi, mon fils, dit le vieillard. Car toi, tu la redoutes. – Comme tout le monde... s'écria le for
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Ainsi courait, volait Ouroz à travers la steppe, dans sa majesté, son silence et toutes ses saisons. Et si, d'aventure, il fut en paix, en félicité avec le monde et lui-même, ce fut bien alors. Mais il était fait pour vouloir du sort et de lui-même toujours davantage. Un bonheur égal, étale, finit par ne plus être un bonheur. Ouroz détacha sa tête
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Les bras de Toursène se haussèrent de nouveau. Ses doigts se remirent à édifier, rouler, lisser, polir les plis et les plans de sa haute coiffure. Le souvenir de Guardi Guedj ne le quittait point. Et il se rappela ce que lui avait enseigné le conteur sans âge de la nécessité où étaient les hommes d'accorder et recevoir protection. Tous les hommes.
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Peu lui importait qu'Ouroz fût le meilleur tchopendoz et le héros de la province. Il l'avait été avant lui. Et ce tchopendoz n'était que son fils. Et quand Ouroz vit le torse monumental de Toursène posé comme un bloc d'éternité sur l'assise de ses jambes repliées sous le tchapane, il pensa malgré lui : « Les autres sont plus riches, plus titrés, pl
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Bien que la voix de l'aveugle semblât incapable d'émotion, elle portait une trace de ce plaisir que les gens très âgés éprouvent à se souvenir qu'ils ont été contemporains d'événements et d'hommes passés à l'histoire.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Crois-moi, ô tchopendoz, pour ne pas étouffer tout seul dans sa peau, chacun doit se sentir à un autre nécessaire.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Un beau cheval, comme une belle femme, appartient, de droit, à celui qui le mieux sait l'aimer.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
« Un homme n'est véritable », se dit Toursène, « que s'il accepte d'une âme égale l'événement auquel il ne peut rien. La tâche est beaucoup plus rude, je le vois, lorsqu'il s'agit de celui qu'on aime. N'importe. Les bonheurs et les tourments de la tendresse ne peuvent échapper à la loi. Ils font partie de tout ce que le soleil éclaire et recouvre l
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Toursène se souvint d'une parole de Guardi Guedj : – La meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur la terre.