
Les cavaliers (French Edition)

Toursène se souvint d'une parole de Guardi Guedj : – La meilleure, la véritable prière est d'accomplir au mieux le destin pour lequel un homme a été jeté sur la terre.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Console-toi de la sorte, je le veux bien, dit Guardi Guedj. Tu es très fort, je le sais, ô Toursène... Seulement il est des jours où le plus fort autant que le plus faible a besoin de se voir secouru et d'aimer ce secours. Il faut à l'homme qu'il soit tantôt protecteur et tantôt protégé.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Les bras de Toursène se haussèrent de nouveau. Ses doigts se remirent à édifier, rouler, lisser, polir les plis et les plans de sa haute coiffure. Le souvenir de Guardi Guedj ne le quittait point. Et il se rappela ce que lui avait enseigné le conteur sans âge de la nécessité où étaient les hommes d'accorder et recevoir protection. Tous les hommes.
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Je suis trop vieux, dit Toursène d'une voix sourde et brutale. – Tu ne l'es pas assez, dit Guardi Guedj. Tu souffres encore de le devenir. – Explique mieux, dit Toursène. – La vieillesse véritable, dit Guardi Guedj, est au-delà de tous les tourments. Elle a oublié les maux d'orgueil, de regret, d'amertume. Elle ne jalouse pas la force de son propre
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Sa politesse était extérieure et toute machinale. Cent mille ou cinq cent mille ou deux afghanis – il s'en souciait bien ! Le fait essentiel, admirable, unique était qu'il allait jouer son retour à Maïmana, sa victoire contre Mokkhi, lui-même et le monde, son honneur et son âme, sur un seul coup de chance et d'instinct. Et seul contre tous. Puissan
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Quoi, se demandait Toursène, quoi ! En suis-je arrivé à désirer pour Ouroz une petite maison, un lopin de terre, une femme à la cuisine, des enfants à torcher et ce rire de niais heureux ? » Il se souvint du rictus de loup sur les lèvres impitoyables, insatiables de son fils et sentit le baume de la fierté régénérer son vieux sang. Pour Ouroz, il n
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Crois-moi, ô tchopendoz, pour ne pas étouffer tout seul dans sa peau, chacun doit se sentir à un autre nécessaire.
Joseph Kessel • Les cavaliers (French Edition)
Ouroz fixait strictement ses yeux à peine bridés sur l'espace que la foule ouvrait pour lui dans sa propre substance. Pour lui, mieux encore que pour le commun des tchopendoz. N'était-il pas le plus célèbre ? A cet hommage unique et aux éloges qui l'escortaient, Ouroz semblait aveugle, sourd, et hostile. C'est que, une fois de plus, il se trouvait
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Il étreignit le cou de Jehol. Mourir – oui. De cette manière – jamais. Les hontes de la vie, on les pouvait corriger, racheter. Le déshonneur dans la manière de mourir ne s'effaçait point...