
Lake Success (French Edition)

oui, il y avait des choses qui me plaisaient chez toi, à l’époque. – Comme quoi ? – J’aimais le fait que tu veuilles être seul. Tu étais toujours sociable, mais tu voulais rester seul, ou avec tes montres. Je me disais que tu voulais peut-être vivre dans un monde de tranquillité avec moi. Parce que je suis une espèce de solitaire, moi aussi. »
Gary Shteyngart • Lake Success (French Edition)
Barry s’adossa à sa chaise et regarda le résultat de son travail. Il avait fabriqué quelque chose de ses propres mains. Il avait remonté un bel objet. Il était responsable de cela. Et il ne l’avait pas fait avec des sentiments ou des idées. Il lui avait donné vie grâce à ses doigts et sa mémoire.
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En route pour son cours, Layla dit à Barry que, selon elle, les étudiants de l’université du Texas à El Paso étaient meilleurs et plus intelligents que leurs camarades de classe de Princeton. Elle avait l’impression qu’ils mèneraient une existence plus épanouissante. « Les jeunes qui intègrent les facs de l’Ivy League sont déjà détruits, dit-elle.
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Joey Goldblatt l’invita à rejoindre la Troubadours Society, qui lui loua un petit mais luxueux appartement au-dessus du club. L’objectif des Troubadours était de vous permettre de rester au centre de Manhattan, à proximité de votre fonds, et de laisser le reste du monde venir à soi depuis Brooklyn, Berlin ou ailleurs. Ces Troubadours étaient artist
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C’était le genre de visage de femme qu’il voyait en de rares occasions lors de fêtes organisées par des fonds spéculatifs, chaque fois qu’il croisait un directeur de fonds qui ne s’était pas remarié. Un visage serein, plus mature, riche d’histoires qui donnaient à la femme un air intelligent, et non purement séducteur.
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Le divorce fut brutal. Elle connaissait tous les actifs par cœur. Ses avocats dépecèrent Barry, poussant ceux de Barry dans leurs derniers retranchements. « Il ne faut jamais épouser une avocate si c’est pour finir par divorcer », l’avait averti Joey Goldblatt il y a une éternité, et il avait raison.
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Les gens de ce milieu pouvaient être de vrais cinglés. Un fonds n’était rien d’autre qu’un culte doté de sa propre bible, de sa propre emprise rituelle sur les esprits, et de ses propres épreuves de force. Un de ses collègues qui travaillait pour un autre fonds, geek milliardaire en devenir, jouait du piano dans un rade de troisième ordre en faisan
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Ne dis pas “mmh”, dis “oui”, tout simplement, mais comme si tu ne le pensais pas vraiment. Et ne commence jamais tes phrases par “Tu savais que… ?”. Attends d’abord que ton ami te dise ce qui lui plaît, et ensuite dis-lui “C’est cool”, même si ça ne l’est pas du tout. Et ne parle pas de cartes ou de trains. Je sais, je sais. Écoute, j’adorerais acc
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Tu imagines le fardeau que ça représente, d’être l’objet du fantasme d’autrui ? – Quoi ? – D’être cette personne chaque jour ? On se réveille, on se dit : Ah, cet homme dit qu’il m’aime, mais pas réellement. Il construit juste sa version de ma personne dans sa tête. Il colorie les détails. Lui apporte des nuances et du contenu. Chaque matin, la mêm
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