Depuis ce temps, j’ai ressenti très fortement l’opposition radicale qu’il y a entre la vie quotidienne, qui est vécue dans une semi-inconscience, dans laquelle les automatismes et les habitudes nous guident, sans que nous ayons conscience de notre existence et de notre existence dans le monde, entre la vie quotidienne, donc, et des états privilégié

C’est parce que, pour les Anciens, la philosophie est avant tout une manière de vivre qu’ils ont appelé philosophes les cyniques, qui n’avaient aucun discours théorique, ou encore des personnages de toute sorte, femmes, simples citoyens, hommes politiques, qui n’écrivirent rien et n’enseignaient pas, mais vivaient en philosophes ;

Bergson a eu une influence considérable sur l’évolution de ma pensée, dans la mesure où toute sa philosophie est centrée sur l’expérience d’un jaillissement de l’existence, de la vie, que nous expérimentons en nous dans le vouloir et dans la durée et que nous voyons à l’œuvre dans l’élan qui produit l’évolution vivante.

Bergson définissant la philosophie comme « la décision une fois prise de regarder naïvement en soi et autour de soi ».

j’ai toujours considéré la philosophie comme une transformation de la perception du monde.

pour les Grecs, la philosophie n’était pas une construction de système, mais un choix de vie ;

« Le principal problème qui se pose au philosophe », dit Pierre Hadot au hasard d’une question, non pas tout au début de ces entretiens, comme un programme, mais au contraire tout à la fin, comme un bilan (p. 226), « c’est fondamentalement de savoir ce que c’est que philosopher ».

Il souligne aussi la tentation, pour tout philosophe, de croire que philosopher c’est construire un discours théorique impeccable, et de préférence nouveau. « La construction plus ou moins habile d’un édifice conceptuel va devenir une fin en soi » (p. 97),

dans le monde, d’en faire partie, le monde s’étendant depuis le plus petit brin d’herbe jusqu’aux étoiles. Ce monde m’était présent, intensément présent. Bien plus tard, je devais découvrir que cette prise de conscience de mon immersion dans le monde, cette impression d’appartenance au Tout, était ce que Romain Rolland a appelé le « sentiment océan