Des marchés et des dieux : Quand l'économie devient religion (Documents Français)
Stéphane Foucartamazon.com
Des marchés et des dieux : Quand l'économie devient religion (Documents Français)
Un exemple frappant est celui des agences de notation (Fitch, Standard & Poor’s…). Ces sociétés disposent, entre autres attributs, d’un pouvoir quasi sacerdotal. Elles évaluent les risques inhérents à certains investissements, c’est-à-dire à certains sacrifices. « Il est plus judicieux de sacrifier ici, plutôt que là, à ceci plutôt qu’à cela »,
... See moreHistoriquement, la monnaie a toujours eu une dimension religieuse, note le philosophe François Foret (Université Libre de Bruxelles). Dès l’Antiquité, les pièces portent des références à Dieu et à César pour s’autoriser d’une double autorité temporelle et spirituelle. La monnaie repose sur un acte de foi qui confère à un bout de métal ou de papier
... See morePour le sociologue Frédéric Lebaron, les banquiers centraux sont des personnages particuliers, des « agents qui combinent le credo en une doctrine économique, parfois dérivée de principes philosophiques voire religieux (…) et une pratique politico-administrative réformatrice néolibérale13 ».
La monnaie n’est pas en elle-même une divinité, mais elle fonde une communauté de croyants. Aussi, comme les Marchés ont leurs temples, les monnaies ont leurs sanctuaires. Les banques centrales, donc, qui culminent au sommet de la hiérarchie institutionnelle de l’agorathéisme.
Un clergé pléthorique veille donc sur nos bonnes relations avec le Marché, avec les Marchés. Il préside au sacrifice, et au « juste » partage de la richesse entre les sociétés humaines et les dieux. Pour remplir cet office de pont entre les hommes et les dieux, ce clergé, formé du monde financier, prélève une part des richesses dont il organise les
... See moreLe banquier central est à l’Occident postmoderne ce que le pontifex maximus était au monde romain : il est le pont entre les hommes et les Marchés.
À leur tête se trouvent des personnages investis d’un pouvoir presque surnaturel : celui de parler aux Marchés. D’interagir directement avec eux. De les rassurer. De calmer leur nervosité, d’apaiser leur colère. Ce sont les banquiers centraux. Ils sont les archiprêtres de l’agorathéisme,
Ainsi, l’agorathéisme a ses formes de sacrifice. « Placer son argent sur les marchés », c’est se séparer d’une partie de ses biens matériels dans l’espoir d’en obtenir plus dans l’avenir. On donne aux dieux pour qu’ils nous rendent en retour.
Le culte public romain n’impliquait en effet rien qui ressemble de près ou de loin à la religiosité telle que nous autres, élevés dans les religions du Livre, l’envisageons. Depuis son émergence dans le cours du VIIIe siècle avant l’ère commune, la religion romaine était indissociable du bon gouvernement. Celui-ci consistait d’abord à prendre soin
... See more