Toutes ces revendications vont dans le sens de ce que Sandra Laugier et Albert Ogien appellent un « principe démocratie », essentiellement politique : l’autonomie des citoyens et leur capacité collective à s’organiser pour surveiller les gouvernants, voire à prendre directement les décisions. Ce principe démocratie s’oppose à la volonté d’une parti

Initialement pensés contre la démocratie, les gouvernements représentatifs en ont progressivement adopté le nom.

Les citoyennistes sont logiques quand ils critiquent à la fois la professionnalisation de la politique et la division partisane du peuple : ces deux dimensions se sont trouvées historiquement indistinguables. Mais ce faisant, ils rejettent aussi les aspects démocratiques du fait partisan, en premier lieu la nécessité pour les gouvernants de fonder

Le règne de l’opinion

Dans la bouche d’un nombre croissant de citoyens, le sens du mot démocratie se dédouble : d’un côté, une démocratie faussée, celle qui organise la domination des élites politiques et l’appauvrissement des masses ; et de l’autre, une démocratie réelle, mais inexistante, encore à venir. Les soulèvements de la décennie révèlent ainsi autant le pouvoir

Une démocratie réelle suppose que toutes les fonctions qui concernent l’application de la loi soient ouvertes aux citoyens. C’est là la spécificité de la démocratie comme gouvernement : elle donne à n’importe qui le pouvoir de gouverner.

Dans les gouvernements représentatifs, le pouvoir politique ne repose finalement sur rien d’autre que sur l’opinion, toujours changeante, de la majorité. En cela, les partis renforcent la dénaturalisation du pouvoir politique. Ils révèlent publiquement sa contingence, ce qui rend la perspective d’un pouvoir absolu, fût-il fondé sur la volonté major

Le second problème de la démocratie comme souveraineté du peuple est qu’elle s’appuie sur une vision du peuple comme une entité unifiée, ce que les constitutions françaises de 1793, 1795 et 1848 appellent « l’universalité des citoyens français ». Cette conception du peuple est nécessaire à la production d’une loi unique, dont le peuple puisse être

Interpréter la démocratie exclusivement comme souveraineté populaire, comme le règne de la volonté du peuple, permet de justifier a priori le pouvoir absolu de l’État.