Arthur Rimbaud (BIOGRAPHIES) (French Edition)

Vue de loin, la IIIe République confiée au pouvoir de M. Thiers apparaissait comme un gouvernement autoritaire assurant le triomphe de la bourgeoisie. Rimbaud qui voulait radicalement « changer la vie » savait qu’il faut aussi changer les hommes. Ses Illuminations à venir (déjà méditées, certaines ébauchées ?) imagineront de nouveaux combats, appel

Il n’était plus question pour lui, après cinq mois usés à Charleville et cette récente déconvenue, de pourrir à l’ancre dans l’inepte cité ducale. Coûte que coûte, il souhaite échapper à la mort lente, connaître une vie à défaut de « la vraie vie ».

Seul, nourri de dégoût, bien que l’entourent la précautionneuse affection de ses sœurs et la sollicitude un instant retrouvée de sa mère, il n’a rien d’autre à faire désormais qu’écrire. C’est sans doute à ce moment qu’en dépit de ses propres dénégations, il croit le plus à la littérature comme moyen de s’« en sortir ». Il cherche une issue.

il lisait ou traçait ligne après ligne dans sa chambre, quai de la Madeleine. Comme la mother lui faisait remarquer que cela ne le menait à rien, il aurait eu – selon Paterne Berrichon215 – cette belle réplique : « Tant pis, j’écris, il le faut. »

Évoquer

Par bonheur, son univers ne se réduisait pas aux quatre murs d’une chambre, aux rues de Charleville ; il trouvait à se déployer dans chaque livre ouvert. Rimbaud prenait son bien un peu partout : journaux, magazines, illustrés, feuilletons. Pour répliquer à l’ennui de la ville, alors qu’il commence à peine à lire et à écrire, il invente des bribes

Rimbaud, peu soucieux des poursuites qu’il risquait de provoquer, répondait à ce profond appel du voyage qui le sollicitera désormais sa vie durant. L’ailleurs prend forme, lui souffle au visage. « Mais que salubre est le vent ! » dira-t-il plus tard. Que cherche-t-il ? Fuir ? Mais aussi bien atteindre. Être en marche pour une destination inconnue

Roche, pour des causes toute circonstancielles, fut l’endroit où après Charleville il ne cessa de revenir, et sans doute celui où furent composées quelques-unes de ses pages les plus fortes.

Delahaye, après quelques hésitations, finira par connaître Arthur ; ils deviendront les amis que l’on sait. La force ou l’organisation du destin sont telles que Rimbaud devait fréquenter fort tôt son La Boétie, son inséparable témoin.