Rimbaud, peu soucieux des poursuites qu’il risquait de provoquer, répondait à ce profond appel du voyage qui le sollicitera désormais sa vie durant. L’ailleurs prend forme, lui souffle au visage. « Mais que salubre est le vent ! » dira-t-il plus tard. Que cherche-t-il ? Fuir ? Mais aussi bien atteindre. Être en marche pour une destination inconnue

Delahaye, après quelques hésitations, finira par connaître Arthur ; ils deviendront les amis que l’on sait. La force ou l’organisation du destin sont telles que Rimbaud devait fréquenter fort tôt son La Boétie, son inséparable témoin.

Désormais, il s’emploie à choquer ceux qui l’aident. En maître de koan151, c’est par la violence ou l’apparente absurdité qu’il réveille le sommeil d’autrui. Il est facile de comprendre qu’il profite alors sauvagement de sa liberté (on ne sait s’il donnait à sa mère de ses nouvelles) et qu’il administre, comme malgré lui, quelques leçons de savoir-

Il compose donc son livre. Son sort en dépend. Il l’affirme en croyant qu’une telle confession spirituelle, revisitant le passé, lui permettra d’entrer désormais dans une nouvelle vie, lucide et désabusée. Pourtant, il ne songe pas encore à quitter la littérature. Les grands poètes lui ont donné un modèle. Il se sait précédé par eux sur le chemin d

À leur façon, les premières pages d’Une saison en enfer, après le prologue, forment une machine de guerre contre la France et l’Occident, martèlent les phrases du dégoût et de la révolte pure.

Rimbaud se résout à pratiquer quelques coupes et, le 2 janvier 1870, il a le plaisir de se voir publié, – un événement dont Mme Rimbaud elle-même ne put que se réjouir. Arthur le fort en thème s’aperçoit donc qu’il n’est pas si difficile d’entrer dans la carrière des lettres pour peu qu’il sache frapper aux bonnes portes et solliciter.

Rimbaud, pour sa part, trouve dans l’ambiance scolaire une occasion de s’évader ; il comprend vite que les livres accordent en ce domaine un inépuisable recours. Il y a plus que les livres, d’ailleurs. Il y a la substance même du savoir qui d’abord embrasse le monde puis l’ouvre infiniment. Rimbaud ne tarde pas à découvrir l’étonnante liberté de la

Les heures d’Aden et de Harar résonnent, au fil des lettres, comme des paroles irrécusables ; elles nous rapprochent de Rimbaud selon une intimité douloureuse, parce que les raisons de vivre peu à peu lui échappaient et que l’absurdité s’emparait de lui. Désormais, il savait n’avoir été qu’un homme de désir habité de projets multiples tous égalemen

Les années se suivaient et se ressemblaient dans la petite ville endormie. Rien ne se passait. Le cours des études s’écoulait, aussi imperturbable que celui de la Meuse. Le