Arthur Rimbaud (BIOGRAPHIES) (French Edition)

Tout ce que nous pouvons faire, c’est comprendre sa correspondance, lire entre les lignes, mais parfois aussi violemment exprimées la lutte d’un corps et d’une pensée en révolte contre l’abrutissement, et la pure et simple énergie de vie qui se poursuivit là, envers et contre tout, dans l’isolement le plus grand, même si constamment apparaissent au

À leur façon, les premières pages d’Une saison en enfer, après le prologue, forment une machine de guerre contre la France et l’Occident, martèlent les phrases du dégoût et de la révolte pure.

Passé ce temps et le dérisoire poème Rêve rimé par moquerie, Rimbaud ne croit plus à la littérature. Il délaisse cette « pratique » pour d’autres, plus efficaces, lui permettant d’être « absolument moderne ». L’histoire de son corps et de son esprit devenus autres correspond à l’image qu’il se fait de la modernité. En ce sens, il fabrique un style

Au 2, Marienstrasse, l’étudiant travaillait d’ailleurs avec un acharnement digne en tous points de sa « philomathie » (son amour excessif de tout savoir), entrecoupant des heures studieuses en s’accordant quelques pauses dans les auberges au bord du fleuve ;

Ici commencent assurément ces années de labeur harassant qu’il connaîtra jusqu’à la mort et subira comme une punition acceptée. Moins que tout autre, il se sera dérobé à l’arrêt du Dieu de la Genèse ; il gagnera véritablement sa vie à la sueur de son front.

Il compose donc son livre. Son sort en dépend. Il l’affirme en croyant qu’une telle confession spirituelle, revisitant le passé, lui permettra d’entrer désormais dans une nouvelle vie, lucide et désabusée. Pourtant, il ne songe pas encore à quitter la littérature. Les grands poètes lui ont donné un modèle. Il se sait précédé par eux sur le chemin d

De 1873 à 1879, pendant sept ans, il y retournera régulièrement ; il verra pendant des mois ce paysage, sous les rigueurs de l’hiver ou les grandes chaleurs de l’été, alors que se font les travaux des champs auxquels il aide parfois. Roche sera aussi, beaucoup plus tard, en 1891, le lieu de l’ultime retour, juste avant la mort, dans la douleur sans

Sa correspondance du moment nous initie à cette sorte de langage et aux formes mutantes de son désir. Il a moins la curiosité de contrées inconnues que le souci d’en tirer de l’argent, achats et ventes, profits et pertes. Son rapport à l’argent caractérise toutes ces années où il s’agit pour lui non d’explorer un monde, mais de gagner sur ce monde.

Mars 1875. C’en était donc fait. Rimbaud se délestait du dernier poids qui le retenait au monde littéraire. Désormais, il volerait d’autres ailes, laissant à Verlaine, Nouveau ou Sivry celles d’un Icare brûlé aux feux d’un dangereux soleil.