Depuis des mois, ma vie s’était cantonnée à marcher, manger et dormir, mais dorénavant il me faudrait partager avec Szittya les fatigues de la quête de l’argent. J’avais pris en horreur non seulement les travaux quotidiens sérieux, mais aussi la mendicité. Je m’étais habitué à être entretenu, et maintenant je souffrais de devoir renoncer à mon gran

C’était la première fois que nous marchions pieds nus. C’était comme si nous les avions posés sur une plaque chauffée à blanc. Les premières minutes, la poussière nous brûla les pieds, mais ensuite nous nous y habituâmes, et ce fut une sensation agréable. Nous marchions, marchions, et, quand l’envie nous en prenait, nous criions dans le vent léger.

C’est qu’il apporte dans la poésie et dans la prose hongroises un ton et un sang nouveaux : pour la première fois, un prolétaire y dit la misère de ses frères, et cette misère, il l’a vécue et la vit encore, il ne l’a pas simplement regardée, fût-ce avec la plus sincère sympathie.

Le soir approchait, et maintenant, en pensant à l’asile, je m’attristai un peu. Je n’étais pas en proie au désespoir, il s’était produit ces deux derniers jours des tas de choses en moi, mais je sentais pourtant que ce n’était pas là un endroit fait pour moi, ce mode de vie m’humiliait et m’impressionnait fort.

Quant au peintre, une exposition à la galerie Denise René à Paris en 1960 a révélé toute l’importance de son œuvre et rappelé le rôle qu’il joua dans la révélation et la propagation de l’art abstrait non seulement dans son pays, mais dans toute l’Europe centrale.

— C’est la peinture anarchiste. L’homme qui se met au service de la société ne parvient pas à faire de la peinture esthétique. Personne de sérieux ne peut avoir pour but de produire de belles images. La peinture, tout comme la littérature, tout comme le balayage des rues, est là pour faire progresser le mieux-être des hommes. Tout n’est qu’un outil

S’il ne veut pas mendier, je n’en fais rien non plus. Nous crevons de faim et de peine sans que j’en puisse donner une raison valable. Il ne me vient même pas à l’esprit qu’il serait possible de travailler, de redevenir un homme se mouvant dans le cercle normal de la vie bourgeoise. Et si quelqu’un m’avait demandé pourquoi je ne voulais pas travail

« Je me suis souvent demandé pourquoi au juste je vivais, geignit-il. C’est une connerie que de courir après ces images, une connerie tous mes griffonnages, une connerie le monde entier. Je me fais l’effet d’un animal sale et laid, et j’aimerais mieux que même toi tu ne me regardes pas. Je vais porter pendant des années cette malédiction.

Le manque d’occupation sérieuse nous rendait nerveux, nous ne séjournions guère dans les villes, les villages et les hameaux, nous passions des journées entières sur la route.