Une République à bout de souffle (French Edition)

Selon le chercheur Thierry Balzacq, c’est l’équivalent d’une nouvelle « grande stratégie » qui a ainsi été définie20. D’un paradigme de la « grandeur », typique de l’ère gaullienne et de la décennie qui a suivi, la France serait passée au paradigme de « l’engagement libéral », dans lequel l’influence et la sécurité de la France dépendent d’arrangem

Comme dans d’autres pays, la tendance au désalignement électoral n’a pas signifié que les citoyens soient simplement devenus plus ouverts dans leurs choix entre les personnalités et partis en compétition. Ils ont aussi – et même davantage – développé une attitude négative à l’égard de l’ensemble des partis7. Traitant spécifiquement de l’état de l’o

En 1958, les conditions d’avènement du nouveau régime sont équivoques. De Gaulle n’est appelé au pouvoir qu’en raison de la menace d’un coup d’État militaire. Les opposants les plus farouches à la Ve République rappellent volontiers sa genèse dérangeante, certains y voyant même la tare congénitale d’un régime né sous les auspices de la sédition.

En effet, la fin du dirigisme étatique a aussi été celle des grands projets industriels innovants, tandis que le prestige intellectuel et artistique du pays a diminué21. Or, les dirigeants ont continué à évoquer la « grandeur », en contradiction avec les options diplomatiques et stratégiques finalement prises. Et pendant ce temps-là, ce domaine est

Examinons chacun de ces trois volets. Le premier se caractérise par un mouvement de réaction face à la primauté de l’Assemblée sous la IVe République. La puissance politique est donnée au gouvernement. Celui-ci contrôle bien plus qu’auparavant l’agenda politique et la fabrique de la loi, détient un pouvoir réglementaire élargi, et dispose de moyens

De Gaulle, incontestablement populaire dans l’opinion, tient par ailleurs parole en acceptant d’être investi par l’Assemblée, puis en soumettant à un référendum populaire le texte de la nouvelle Constitution qu’il défendait. Celui-ci est massivement approuvé. Le retour au pouvoir du Général, et par conséquent l’avènement du nouveau régime, sont don

On le voit, des facteurs importants ont concouru à la consolidation de la Ve République. Les trois dimensions du régime ont cependant perdu en efficacité, en pertinence et en cohérence avec le temps. Leur relative harmonie s’est brisée, si bien qu’un fossé de plus en plus important s’est creusé entre les promesses tacites du régime et le vécu des c

Pour la plupart bienvenues sur le plan démocratique, ces limitations n’en ont pas moins altéré la cohérence de la primauté présidentielle. D’autres facteurs, externes ceux-là, sont allés dans la même direction. Depuis les années 1980, les élites politico-administratives de la Ve République ont cherché à intégrer la France dans la mondialisation. On

En premier lieu, un décalage s’est installé entre les attentes qui accompagnent l’élection du chef de l’État et les ressources dont celui-ci dispose pour les combler. D’un côté, les espérances citoyennes se sont concentrées sur ce scrutin spectaculaire qui a phagocyté l’essentiel de la vie politique. De l’autre, les marges de manœuvre du président