S'Anomaliser: Démissionnez du monde (French Edition)

Chaque homme a ses pièges. J’attends de mes compagnons qu’ils me pointent rudement les miens du doigt, car il faut parfois que les choses soient rudes pour s’assurer qu’elles soient justes.

Internet fonctionne avant tout comme anticipation, ciblage et prise en charge de votre désir. Comme la grenouille dans l’eau bouillante, cet accaparement est indolore et imperceptible. On vous décharge de votre vouloir en vous offrant un chemin parfaitement adapté – mais artificialisé. Du sur-mesure gratuit, mais toujours dans l’enceinte du magasin

À ce prince noir, dont le dégoût est depuis longtemps devenu seul horizon, nous n’avons plus grand-chose à dire. Il n’entend plus. Mais à ceux que la citadelle sombre de l’art retranché tenterait, je dis : et pourtant il faut vivre. Car les hauteurs que vous avez temporairement fréquentées n’existent que par la vie que vous vous êtes audacieusement

La philosophie est un mouvement en deux temps : intoxication, puis extraction partielle. Beaucoup l'oublient et veulent penser sans s’extraire ou sans subir. Celui qui pense est souvent simplement celui qui ne pouvait endurer aussi longtemps que les autres.

Ce qui compte avec l’ambition n’est pas tant ce qu’elle nous permet d’accomplir, mais bien davantage la protection qu’elle nous offre et le chemin qu’elle nous révèle. Vous en aurez besoin pour le sommet et pour ce qui arrive après, car il faudra sans cesse renouveler nos espoirs et nos attentes.

cette disparition n’étant qu’une étape sur le chemin, j’ai aussi voulu écrire le retour, le retour différent, aligné et grandiose de celui qui a conquis sa tanière inviolable et revient tout chargé dans le monde. J’ai tenté d’écrire le courage de partir et de revenir, l’audace de disparaître puis de s’imposer. Abandonner le monde nécessite de se co

Dans ce miasme grouillant qui se prétend société, l’ambition devient une boussole. Qu’elle vous serve à atteindre une quelconque corniche de prestige n’est pas le plus important ; l’essentiel est qu’elle vous rappelle violemment de sortir la tête de l’eau.

Le péril de ressentir par soi-même n’est jamais atteint si l’on ne s’écorche pas de ses idoles. Elles servent un temps, donnent envie et laissent à voir – mais elles ne grimperont pas pour vous. Vous les admirez précisément car elles ont grimpé seules et sont redescendues chargées d’elles-mêmes.

Nous avons toujours trouvé la saveur et le sens de notre vie dans le devenir, c’est-à-dire dans l’exploration du possible. Cette exploration étant menée en fonction de nos appétences audacieusement singulières. En somme, le sens fut toujours d’être l’aventurier de sa vie, fusse par la reproduction d’un schéma familial multigénérationnel ou au contr