Romans 1 : La route de Los Angeles/Bandini/Demande à la poussière (LITT. ETR.) (French Edition)
Philippe Garnieramazon.com
Romans 1 : La route de Los Angeles/Bandini/Demande à la poussière (LITT. ETR.) (French Edition)
Mon livre est sorti une semaine après ça. Un moment ça a été bien, aller dans les grands magasins et le voir parmi des milliers d’autres, mon livre, mes mots, ma raison d’être. Mais ce n’était pas le même plaisir que j’avais ressenti à voir Le Petit Chien qui riait dans le magazine d’Hackmuth.
J’ai ramassé mes cigarettes. Elle me haïssait tellement que la nuit et cette zone industrielle déserte en résonnaient. Je la comprenais. Ce n’est pas Arturo Bandini qu’elle haïssait. Pas vraiment. Elle haïssait seulement le fait qu’il ne se conformait pas à ce qu’elle attendait d’un homme. Elle voulait à toute force l’aimer mais elle n’y arrivait p
... See moreJe suis sorti faire un tour en ville. Bon Dieu, voilà que je remettais ça, traîner la savate dans les rues. Je regardais les gueules autour de moi, et je savais que la mienne était pareille. Des tronches vidées de leur sang, des mines pincées, soucieuses, paumées. Des tronches comme des fleurs arrachées de leurs racines et fourrées dans un joli vas
... See moreParce que c’était clair : Arturo Bandini n’était pas de la pédale, il n’y avait rien qui clochait chez Arturo Bandini ; même qu’il avait assez de passion pour six, ce garçon, et cette passion il l’avait sentie monter à la surface : quel homme, tout de même, il se posait un peu là comme écrivain et comme amoureux – aussi à l’aise avec le monde qu’av
... See moreQuand j’ai croqué dans les quartiers jaunes ça m’a fait un choc comme une douche froide. Oh, Bandini, j’ai fait en m’adressant à mon reflet dans la glace de la commode, quels sacrifices t’auras pas fait pour ton art ! Tu aurais pu être capitaine d’industrie, ou à la tête d’un empire commercial, ou champion de base-ball professionnel en tête du clas
... See moreMais des tas de choses importantes arrivaient dans ma vie, et je n’avais personne à qui en faire part. Comme le jour où j’ai terminé l’histoire de Vera Rivken, les jours allègres passés à revoir et retoucher le roman, pour ainsi dire plus que de la roue libre, Hackmuth, encore quelques jours et tu verras ce que tu verras.
J’étais soudain investi d’une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations s’éteignent et retournent à l’obscurité. Les hommes étaient bien graves, si c’était ça, et j’étais fier d’en faire par
... See moreJ’avais vingt ans à l’époque. Putain, je me disais, prends ton temps, Bandini. T’as dix ans pour l’écrire ton livre, alors du calme, faut s’aérer, faut sortir et se balader dans les rues et apprendre comment c’est la vie.
En regardant au sud en direction des grosses étoiles je savais que là-bas s’étendait le Santa Ana Desert, que là-bas sous les étoiles un homme pareil à moi gisait dans une cabane ; un homme que le désert avalerait plus tôt que moi, et ce que je tenais à la main c’était son dernier effort, l’expression de sa lutte contre le silence implacable vers l
... See more