Romans 1 : La route de Los Angeles/Bandini/Demande à la poussière (LITT. ETR.) (French Edition)
Philippe Garnieramazon.com
Romans 1 : La route de Los Angeles/Bandini/Demande à la poussière (LITT. ETR.) (French Edition)
En regardant au sud en direction des grosses étoiles je savais que là-bas s’étendait le Santa Ana Desert, que là-bas sous les étoiles un homme pareil à moi gisait dans une cabane ; un homme que le désert avalerait plus tôt que moi, et ce que je tenais à la main c’était son dernier effort, l’expression de sa lutte contre le silence implacable vers l
... See moreJe me vois déjà grand auteur, très chic avec ma pipe de bruyère importée d’Italie, et ma canne, en train de descendre d’une grosse voiture noire, et elle est là aussi, pas peu fière de moi, la femme aux renards. On signe le registre et on prend un cocktail et on danse un moment ; après ça on reprend un cocktail et là je lui récite des vers tirés du
... See moreJ’ai ramassé mes cigarettes. Elle me haïssait tellement que la nuit et cette zone industrielle déserte en résonnaient. Je la comprenais. Ce n’est pas Arturo Bandini qu’elle haïssait. Pas vraiment. Elle haïssait seulement le fait qu’il ne se conformait pas à ce qu’elle attendait d’un homme. Elle voulait à toute force l’aimer mais elle n’y arrivait p
... See moreMon livre est sorti une semaine après ça. Un moment ça a été bien, aller dans les grands magasins et le voir parmi des milliers d’autres, mon livre, mes mots, ma raison d’être. Mais ce n’était pas le même plaisir que j’avais ressenti à voir Le Petit Chien qui riait dans le magazine d’Hackmuth.
C’était le premier paragraphe. « Un tissu d’âneries, j’ai décrété. – Alors aide-le. S’il te plaît. » Il n’en avait plus que pour un an, d’après elle. Il avait quitté Los Angeles pour s’installer aux confins du Santa Ana, en plein désert. Là-bas il vivait dans une cahute et écrivait comme un malade. Toute sa vie il avait voulu écrire. Et avec si peu
... See moreUne espèce d’intimité joueuse s’instaure d’ailleurs dans la correspondance entre les deux hommes, comme en témoigne ce passage d’une lettre de Fante à Mencken, datée du 26 juillet 1932 : « J’ai la ferme intention de devenir un jour le directeur de l’American Mercury. Vers l’âge de quarante ans, je crois que j’aurai les compétences nécessaires. Cela
... See moreJe ne me rappelle plus. Une semaine a passé, peut-être deux semaines. Je savais qu’elle allait revenir. Je ne l’attendais pas. Je vivais ma vie. Écrit quelques pages, lu quelques livres. J’étais serein : elle reviendrait. De nuit, ce serait. Quand je pensais à elle c’était toujours de nuit. On se voyait depuis pas mal de temps déjà, mais jamais ça
... See moreLe lendemain matin j’étais incapable d’ingurgiter la moindre orange. Rien que l’idée, ça me faisait faire la grimace. Je me suis trimballé en ville sans aucun but et arrivé midi je m’apitoyais sur mon sort à m’en rendre malade, c’était plus fort que moi. Rentré chez moi je me suis jeté sur le lit et me suis mis à chialer pour de bon. Cela montait d
... See moreJ’ai quitté la buvette et suis parti, la peur au ventre, marchant vite sur les planches, croisant des gens qui paraissaient bizarres et fantomatiques ; le monde était comme un mythe, une dimension transparente et plane, et tout ce qu’il y avait dessus n’y serait que pour très peu de temps. Tous autant qu’on était, Bandini, Hackmuth, Camilla, Vera,
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