Romans 1 : La route de Los Angeles/Bandini/Demande à la poussière (LITT. ETR.) (French Edition)
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Romans 1 : La route de Los Angeles/Bandini/Demande à la poussière (LITT. ETR.) (French Edition)
J’étais soudain investi d’une terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations s’éteignent et retournent à l’obscurité. Les hommes étaient bien graves, si c’était ça, et j’étais fier d’en faire par
... See moreEn regardant au sud en direction des grosses étoiles je savais que là-bas s’étendait le Santa Ana Desert, que là-bas sous les étoiles un homme pareil à moi gisait dans une cabane ; un homme que le désert avalerait plus tôt que moi, et ce que je tenais à la main c’était son dernier effort, l’expression de sa lutte contre le silence implacable vers l
... See moreJe me vois déjà grand auteur, très chic avec ma pipe de bruyère importée d’Italie, et ma canne, en train de descendre d’une grosse voiture noire, et elle est là aussi, pas peu fière de moi, la femme aux renards. On signe le registre et on prend un cocktail et on danse un moment ; après ça on reprend un cocktail et là je lui récite des vers tirés du
... See moreJe ne me rappelle plus. Une semaine a passé, peut-être deux semaines. Je savais qu’elle allait revenir. Je ne l’attendais pas. Je vivais ma vie. Écrit quelques pages, lu quelques livres. J’étais serein : elle reviendrait. De nuit, ce serait. Quand je pensais à elle c’était toujours de nuit. On se voyait depuis pas mal de temps déjà, mais jamais ça
... See moreMais des tas de choses importantes arrivaient dans ma vie, et je n’avais personne à qui en faire part. Comme le jour où j’ai terminé l’histoire de Vera Rivken, les jours allègres passés à revoir et retoucher le roman, pour ainsi dire plus que de la roue libre, Hackmuth, encore quelques jours et tu verras ce que tu verras.
Quand j’avais assez de vin je n’allais jamais à la Bibliothèque. Une bibliothèque est un endroit merveilleux quand on n’a rien à boire ou à manger et quand la propriétaire vous cherche et demande ses arriérés – et à la bibliothèque au moins on peut utiliser les toilettes.
Mon livre est sorti une semaine après ça. Un moment ça a été bien, aller dans les grands magasins et le voir parmi des milliers d’autres, mon livre, mes mots, ma raison d’être. Mais ce n’était pas le même plaisir que j’avais ressenti à voir Le Petit Chien qui riait dans le magazine d’Hackmuth.
Par exemple, Fante comme Mencken pourfendent systématiquement les idéologies de gauche ; sceptiques, voire cyniques, les deux hommes raillent tous les bons sentiments et se méfient comme de la peste de ces utopies socialisantes qui risquent de mettre en péril la liberté des individus : plutôt l’anarchie ou le struggle for life si typiquement améric
... See moreJ’avais vingt ans à l’époque. Putain, je me disais, prends ton temps, Bandini. T’as dix ans pour l’écrire ton livre, alors du calme, faut s’aérer, faut sortir et se balader dans les rues et apprendre comment c’est la vie.