Elle est surtout très importante pour les activistes eux-mêmes puisque la qualification de leur geste en « politique » ou « non politique » peut déterminer le type de répression subie mais aussi modifier la perception, par l’opinion, de leur geste, de leurs idées voire de leurs vies. Il y a en effet une différence notable entre être considéré comme

La non-reconnaissance du caractère politique des gestes militants et leur réduction à des atteintes aux personnes et aux biens est ainsi aujourd’hui l’un des plus puissants vecteurs de dépolitisation de l’activisme.

Or, dans le contexte où la gauche gouvernementale s’est ralliée à l’idéologie sécuritaire et propose le même type de dispositifs punitifs que la droite, l’affaiblissement de la répression par l’action gouvernementale ou législative reste un horizon peu probable, à tout le moins à court et moyen termes.

D’autres techniques répressives peuvent également amoindrir la possibilité de politiser la répression, à l’exemple du choix politico-judiciaire des comparutions immédiates.

Sans durcir cette frontière entre les « politiques » et les « droit-communs », il y a pourtant bien une différence entre ces deux grands groupes de réprimés, et qui tient à la fois à la nature des cibles visés et aux buts poursuivis. Il ne s’agit donc pas de dire que les activistes sont « mieux » que les autres, que leurs mobiles sont « meilleurs »

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les juges ne reconnaissent jamais être en charge de « procès politiques » ou que les agents du champ du pouvoir nient leur existence même, tant cette dernière soulignerait la criminalisation à l’œuvre. Il y a donc bien un réel enjeu à continuer d’utiliser cette expression pour qualifier une affaire impliquant de

Autrement dit, le caractère politique d’une action peut justifier une punition plus sévère des passages à l’acte militant ou, dans le cadre de la subjectivité propre à la décision pénale, jouer de circonstances aggravantes. Il s’agit d’ailleurs là de l’un des principaux risques relatifs à une possible meilleure prise en compte, dans le droit et le

L’état d’urgence en France, ce régime d’exception hérité de la guerre d’Algérie qui vise à contrôler une population, un territoire et des idées38, et qui a duré deux ans avant que certaines de ses dispositions ne soient intégrées dans le droit commun, est tout à fait exemplaire de ce point de vue. Quelques semaines seulement après les attentats tra

Dès lors, si la surveillance telle qu’elle s’exerce aujourd’hui dans le cadre de l’antiterrorisme est de permettre aux agents de l’État d’anticiper une crise ou de neutraliser une menace, elle place aussi les activistes dans l’anticipation de leur propre répression78.