Petit éloge de la médiocrité (French Edition)

Enfin, aboutissement absolu, l’immobilité est devenue la vitesse ultime. Posé devant notre ordinateur, nous surfons à une vitesse plus que supersonique à la surface du monde.

Les constructeurs automobiles et l’industrie du tabac nous promettent aussi du bonheur. Celui-ci est bon pour la croissance. Pas seulement des cellules cancéreuses, mais aussi de l’économie.

Encore mieux : un employé heureux est un employé qui ne se plaint pas, qui ne va pas rejoindre un syndicat pour installer un piquet de grève. Ainsi, on soigne la colère et la frustration au cas par cas. Peu importe que les cadences soient infernales, qu’il faille travailler le week-end pour conclure une vente.

« L’oisiveté est la mère de tous les vices », nous dit le dicton populaire. Il faudrait donc occuper, optimiser le temps qu’on a. Il faut être productif. Pour quoi ? Pour qui ? Se soumettre encore et toujours ?

L’humanité, en créant des mythes, passe donc son temps à se regarder. Une histoire résume à elle seule sa destinée. Celle de Narcisse.

Ménage, cuisine, soin… Les Canadiens le nomment « travail ménager non rémunéré » et le définissent comme tel : « les activités où une personne a fourni un service non rémunéré, en faisant par exemple des tâches domestiques ou l’entretien de la maison ou du jardin pour des membres de son ménage, pour des membres de sa famille ne faisant pas partie d

Parfois, je me plais à imaginer que nous sommes une télé-réalité pour des extraterrestres. « Regarde ! Ils ont élu un banquier d’affaires pour gérer l’intérêt général, c’est vraiment l’espèce la plus con du programme », pourrait-on entendre sur une lointaine planète. Cette civilisation doit certainement parier sur la prochaine espèce que le saccage

Repousser ses limites est une course sans fin vers l’abîme.

Les réseaux sociaux ne sont-ils pas un repaire de nuls tels que nous ? Cela n’en fait pas des outils à bannir. Ils sont utiles, notamment pour donner de la force à celles et ceux qui n’ont pas un accès direct aux grands médias, pour interpeller les élus, pour distribuer la parole plus équitablement. Mais ils jouent bien trop souvent le rôle de juge