Notre vagabonde liberté: À cheval sur les traces de Montaigne (French Edition)
Gaspard Koenigamazon.com
Notre vagabonde liberté: À cheval sur les traces de Montaigne (French Edition)
Ce premier dîner avec un couple d’agriculteurs proches de la retraite me permet de tester ce que je baptiserai la méthode Montaigne, décrite synthétiquement au début des Essais : « J’observe en mes voyages cette pratique, pour apprendre toujours quelque chose, par la communication d’autrui (qui est une des plus belles écoles qui puisse être) de ram
... See moreÀ l’inverse, ne pas sauter devient un choix. Je ne marche pas tranquillement sur un chemin surélevé : je décide à chaque pas de continuer à exister. Il y aurait donc une portée métaphysique au vertige, une matérialisation du néant qui nous guette toujours, et une reconnaissance du désir vital qui nous maintient dans le monde.
Sartre décrit le vertige comme un appel des possibles, quand la conscience réalise que tous les futurs lui sont offerts, y compris la mort, si proche, si aisée. Un simple saut, ici et maintenant, et mon destin s’arrête, conférant à mon existence une forme de complétude.
Il s’appelle Richard. Il était monteur dans le cinéma avant de prendre sa retraite ici, « au calme ». Il fait partie de ces autodidactes discrets qui lisent tout, s’intéressent à chaque nouvelle idée, se cultivent et s’interrogent continuellement, sans autre objectif que le plaisir de la connaissance et l’amélioration du genre humain.
À l’exode rural a succédé le déclin urbain, étudié aujourd’hui par géographes et sociologues sous le vocable de shrinking cities. Trop ramassé pour offrir le vaste bain de l’anonymat et des plaisirs, trop bitumé pour donner le sentiment du grand air, le chef-lieu de canton a perdu sa raison d’être.
L’anthropologie nous fournit de bonnes pistes. Dans L’Économie des sociétés primitives, Marshall Sahlins remarque que l’apparition de l’argent se produit à la périphérie, lorsque l’interaction avec des étrangers devient inévitable : les premières monnaies sont créées sur les frontières, pour échanger des biens entre tribus éloignées. Au sein du gro
... See moreMontaigne dénonçait déjà « cette passion avide et gourmande de nouvelles, qui nous fait avec tant d’indiscrétion et d’impatience abandonner toutes choses, pour entretenir un nouveau venu, et perdre tout respect et contenance, pour crocheter soudain, où que nous soyons, les lettres qu’on nous apporte ». Ceux qui, au XVIe siècle, crochetaient une let
... See moreles voyages doivent « apprendre toujours quelque chose ». C’est toute la différence avec le tourisme. Je ne musarde pas le nez au vent (quel ennui !) : je prends des notes, je me documente, je pose des questions. Quelles questions ? Voilà le principal apport de Montaigne : des questions non sur les sujets qui m’intéressent, mais sur ceux que les ge
... See moreAu contact des néoruraux, je prends conscience de l’incidence que cette révolution dans le rapport au travail aurait sur l’aménagement du territoire, en donnant à tous ceux qui hésitent à franchir le pas une sécurité financière minimale. Cinq cents euros par personne et par mois, ce n’est pas la fortune, mais largement de quoi s’alimenter, se chauf
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