Sans grand projet justifiant leur existence, les dirigeants de la cité perdent de leur prestige. Ils deviennent de plus en plus rapidement impopulaires. Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande atteignent des sommets de rejet dès la deuxième année de leur mandat. Emmanuel Macron suit la même pente, malgré une communication mieux rodée.

Le candidat Macron promet d’adapter la France au monde, de libérer les énergies, de faire sauter les carcans, de rendre la société plus fluide, de dépasser les idéologies, de sauter par-dessus les corps intermédiaires, d’émanciper les individus. En bref d’épouser, de manière ouverte et non plus cachée, exaltée et non plus honteuse, les évolutions d

De la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, nous ne retenons aujourd’hui que les « droits de l’homme », zappant presque à chaque fois la suite, « et du citoyen ». Pourtant, les députés de 1789 n’étaient pas adeptes de la répétition. Ils avaient parfaitement conscience d’écrire l’un des textes les plus importants de l’Histoire humaine et

Parler d’écologie sans parler d’Europe, et vice versa, est désormais impossible. Et pourtant notre classe politique semble loin de l’avoir compris. Le cas de Jean-Luc Mélenchon est d’autant plus exemplaire que sa conversion écologique est profonde. La crise du marxisme et du républicanisme classique, les deux anciens piliers de sa vision du monde,

La politique démocratique manque d’ambition systémique, ce qui conduit à l’impression généralisée d’incohérence et de vide. N’ayant pas à se soucier des élections, les dirigeants autoritaires comme Vladimir Poutine peuvent penser à un horizon de vingt, trente ou quarante ans. Les grands groupes capitalistes comme Exxon aussi. Et nous en serions réd

La même logique opère au sein de nos démocraties. Il en résulte la réduction de la politique à un jeu de mots sans traduction pratique : un spectacle. David Djaïz note que « ce n’est pas un hasard si les paroles des dirigeants de la Banque centrale ou de juges de la CEDH sont rares », car contrairement à celles des politiques, elles sont suivies d’

Aujourd’hui, chacun a la parole et la prend sur les réseaux sociaux. C’est un progrès incontestable. Mais pour dire quoi ? Et surtout pour parler d’où ? Pour parler de soi. Depuis soi. En vue de soi. Nous avons les moyens, enfin, de mener un débat réellement démocratique puisque tous les citoyens peuvent y participer.

Lorsque l’écrivaine Aslı Erdoğan me parle de ces journées de révolution, ses yeux d’ordinaire si mélancoliques s’illuminent littéralement : « Je ne dis presque jamais “nous”, sauf pour Gezi. La femme solitaire et marginale a soudain fait partie d’un groupe. C’est sûrement pour cela que c’est un moment si précieux dans nos vies : tout le monde a res

La gouvernance des experts n’est plus aujourd’hui un phénomène propre à l’Union européenne. On la retrouve partout en Occident. Yascha Mounk pointe, dans Le peuple contre la démocratie, l’inflation spectaculaire aux États-Unis des normes édictées par les agences fédérales par rapport aux lois votées par les représentants de la nation.