Les deux tomes de De la démocratie en Amérique composent, dans l’esprit de Tocqueville, une seule œuvre, dont la seconde partie, plus démocratique qu’américaine, traite des institutions et des mœurs des sociétés libres ainsi que de leurs dérives potentielles vers la tyrannie.

La puissance des États-Unis est fondée sur l’immensité de l’espace et la croissance rapide de la population. Leur vulnérabilité résulte de la coexistence de deux types de société, industrielle au Nord, esclavagiste au Sud. L’opposition irréductible de leur modèle économique, mais surtout de leurs valeurs, provoque la guerre de Sécession, qui ne peu

Au-delà même de leur dépendance matérielle vis-à-vis de l’État, les citoyens peuvent être conduits, au nom de l’égalité, à renoncer à leur liberté par goût du conformisme ou par simple lassitude.

[C]’est après un grand succès que se rencontrent, d’ordinaire, les chances les plus dangereuses de ruine : tant que le péril dure, on n’a contre soi que ses adversaires, et on en triomphe ; mais, après la victoire, on commence à avoir affaire à soi-même, à sa mollesse, à son orgueil, à l’imprudente sécurité que la victoire donne ; on succombe6. »

Pour être las de la politique, il n’entendait rien céder de sa condamnation du despotisme bonapartiste qui confirmait son analyse sur les fragilités de la démocratie et les ambivalences du suffrage universel face à la démagogie.

Tocqueville rappela ainsi avec force au général de Lamoricière que « la guerre est insuffisante, en Afrique comme elle l’a été partout ailleurs pour consolider la conquête […]. C’est la guerre qui a commencé toutes les conquêtes mais c’est la politique seule qui les a rendues durables.

Le risque, dans les sociétés d’ordre, est d’oublier les mutations profondes pour ne voir que l’action des souverains et des nobles. Le risque, dans les temps démocratiques, est l’esprit de système qui ignore l’importance des hommes.

Il est éclairé par la comparaison entre la France, où le pouvoir royal s’est révélé incapable de s’adapter à la montée en puissance de l’égalité, et les États-Unis, qui se sont construits autour d’elle, en rupture avec les sociétés d’ordre européennes. Pour Tocqueville, il ne fait pas de doute que la démocratie représente le futur et que la vision

Simultanément, sont apparues les démocratures, dans le droit fil du modèle élaboré en Russie par Vladimir Poutine. Les démocratures se caractérisent par le culte de l’homme fort, par l’exaltation des sentiments nationalistes et religieux, par le contrôle de l’économie et de la société. Elles peuvent accepter le suffrage universel mais le manipulent