
Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)

C’est où la question du sens de la vie prend un contenu éthique, qui modifie et la question et la réponse. Le problème n’est pas de savoir si la vie a un sens, mais ce qui, dans la vie, est susceptible d’en donner.
André Comte-Sponville • Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)
La morale est infinie ; la vie, finie. La morale est donc toujours trop grande pour nous, ou c’est nous qui sommes trop petits pour elle. Fonder sa vie sur la seule morale, ce serait se condamner à l’échec. Vouloir être un saint, ce serait s’interdire d’être un sage. Enfin,
André Comte-Sponville • Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)
la pensée de Sartre, qui, le premier, fit du salaud une catégorie philosophique. Le salaud, au sens sartrien du terme, c’est celui qui se croit, qui se prend au sérieux, celui qui oublie sa propre contingence, sa propre responsabilité, sa propre liberté, celui qui est persuadé de son bon droit, de sa bonne foi, et c’est la définition même, pour Sar
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Qui peut vouloir ce qu’il ne veut pas ? Qui peut ne pas vouloir ce qu’il veut ? La volonté serait donc libre par définition (je veux ce que je veux), sans nous laisser, c’est le paradoxe, le moindre choix (je ne peux ni vouloir ce que je ne veux pas, ni ne pas vouloir ce que je veux). D’où le mystère : si l’on ne peut vouloir autre chose que ce qu’
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Double leçon de Montaigne : il n’est pas nécessaire de croire posséder la vérité pour la chercher, ni de connaître le bien pour s’interdire le pire. Morale humaine, simplement humaine. Trop humaine ? On ne l’est jamais trop, et c’est encore une leçon de Montaigne. Il ne s’agit que de « faire bien l’homme, et dûment ».
André Comte-Sponville • Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)
L’état de nature, expliquait Hobbes, autrement dit l’état sans État, est dominé par la « guerre de chacun contre chacun », donc par la peur : « la vie de l’homme est alors solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale, et brève ». Que la sécurité ne fasse pas le bonheur, c’est ce que chacun sait, puisque rien ne le fait. Mais que l’insécurité soit
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Au lieu de ne tendre au bonheur, comme c’est légitime, que pour autant qu’ils le peuvent sans manquer à leur devoir, ils ne font leur devoir, au contraire, que pour autant que ce n’est pas incompatible avec leur propre bonheur. C’est ce que Kant appelle « le renversement des motifs », qui institue comme « un mal radical inné dans la nature humaine
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La morale, quoi qu’en pensent les moralistes, ne tient donc lieu ni de sagesse ni de philosophie. Parce qu’elle est négative, parce qu’elle est infinie, parce qu’elle échoue à nous rendre heureux, elle est pour nous une contrainte, toujours, et une tristesse le plus souvent.
André Comte-Sponville • Le Goût de vivre: et cent autres propos (French Edition)
Mieux vaut une vraie tristesse qu’une fausse joie. Plutôt l’angoisse lucide que l’illusion sereine.