Montrer le caractère antidémocratique des discours antipopulistes ne fait pas automatiquement des mouvements dits populistes des défenseurs de la démocratie, loin de là.

Depuis la fin du xviiie siècle, tout un courant – très largement majoritaire – de la philosophie politique considère que la démocratie n’est pas possible dans des sociétés devenues à la fois trop grandes et trop complexes pour que les citoyens ordinaires puissent participer aux affaires publiques. L’argument réapparaît très fortement dans les texte

Le populisme est cette appréhension élémentaire des choses politiques qui considère que les collectivités ont la capacité de se gouverner elles-mêmes, de se donner leurs propres règles, et que cette capacité doit être favorisée. Il affirme qu’une société fondée sur des relations égalitaires entre tous ses membres est préférable à une société qui re

Hofstadter parle quant à lui « d’une sorte de réflexe populaire endémique dans la culture politique américaine37 » qu’il repère non seulement dans le People’s Party des années 1890, mais aussi chez Andrew Jackson, chez les Greenbackers (un mouvement politique des années 1870 militant contre l’étalon-or), les Grangers (mouvement rural parfois présen

Lors d’une célèbre conférence sur le populisme tenue en 1967 à la London School of Economics, Isaiah Berlin signalait que les définitions du terme étaient toujours trop précises, et qu’on en était réduit à chercher sans fin le bon cas qui correspondrait exactement à une définition particulière, dans une quête qu’il comparait à celle du pied de Cend

Pour Shils, le populisme est « une idéologie du ressentiment populaire », qui « hait » l’administration, « abhorre » la division des pouvoirs et est prompt à tomber dans les bras de personnes qui les hypnotisent (« spellbinders99 »). Une fois encore, l’immense travail historiographique qui avait déjà été réalisé avant les années 1950 pour expliquer

Paulina Ochoa Espejo l’explique très clairement : Les définitions du populisme et les jugements portés à son encontre par les universitaires dépendent de la manière dont ils et elles conçoivent le peuple et son rôle dans un ordre démocratique contemporain. Qu’une chercheuse défende une définition du populisme plutôt qu’une autre dépend de la manièr

Ce temps démocratique repose premièrement sur l’idée que les transformations de la collectivité sont le résultat des actions de cette collectivité elle-même. Nos décisions d’hier ont construit notre présent, et celles d’aujourd’hui vont créer notre futur. C’est ce que Castoriadis, commentant les historiens athéniens, nomme un « temps public » : Il

Mais à vrai dire, cet échec à combattre l’extrême droite grâce à une rhétorique antipopuliste ne doit pas nous surprendre puisque, comme nous l’avons rappelé à la suite d’Annie Collovald, l’inversion du sens du populisme à partir des années 1980 visait exactement cet objectif-là : rendre fréquentable une extrême droite qui avait jusque-là été confi