L'antipopulisme ou la nouvelle haine de la démocratie (French Edition)

Lawrence Goodwyn décrit l’un de ces mouvements dans Democratic Promise, mais il existe d’autres moments dans l’histoire qui présentent des analogies avec le populisme nord-américain et qui rentrent de plein droit dans notre acception du populisme. Martin Breaugh en examine plusieurs dans L’Expérience plébéienne : les sans-culottes de la Révolution

Or le seul et unique point commun des mouvements que la science politique (et les médias, à sa suite d’abord, puis la précédant) désigne comme « populistes » est la menace qu’ils ont tous fait peser sur les partis politiques traditionnels sur leur propre terrain, à savoir celui des élections.

Or la bonne compréhension de la situation suppose au contraire d’identifier ces trois forces très différentes entre elles : le pouvoir en place et ses soutiens, les dénonciations de ce dernier par la droite radicale qui veut son renversement, et celles et ceux qui le critiquent tout en souhaitant poursuivre le mouvement de démocratisation de la soc

Comme notre lecture de Shils l’a montré, les affaires politiques doivent être traitées selon la raison, et cette raison n’est pas universellement partagée. Ce qui s’en éloigne doit être soigneusement tenu à l’écart du pouvoir. Or ici aussi, le degré de confusion politique des analyses antipopulistes est particulièrement élevé. En condamnant sous le

La deuxième source de la réaction antipopuliste est la tradition fortement élitiste de la sociologie politique, dès avant la Seconde Guerre mondiale (Canovan mentionne en particulier Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca et Robert Michels), qui tient pour une loi immuable que la masse des incompétents doit être gouvernée par une minorité de personnes soig

Cependant, hier comme aujourd’hui, puisqu’il est malaisé de s’en prendre frontalement à la démocratie alors qu’on prétend par ailleurs la défendre contre des adversaires plus ou moins crédibles, il faut ruser pour en attaquer les principes19. C’est exactement là qu’intervient la notion de « populisme », dont l’imprécision ne pose dès lors plus aucu

Enfin, elle confirme l’attitude antidémocratique affirmant que le peuple est foncièrement xénophobe, raciste, antisémite et intolérant.

Mais à vrai dire, cet échec à combattre l’extrême droite grâce à une rhétorique antipopuliste ne doit pas nous surprendre puisque, comme nous l’avons rappelé à la suite d’Annie Collovald, l’inversion du sens du populisme à partir des années 1980 visait exactement cet objectif-là : rendre fréquentable une extrême droite qui avait jusque-là été confi

La longue tradition de la philosophie politique, qui remonte à la Grèce ancienne, a toujours été plus ou moins violemment opposée à la démocratie, un régime assimilé au désordre et voué à la ruine, quand il n’était pas tout simplement considéré comme impossible. Le fait que le dèmos – le peuple – puisse exercer le kratos – le pouvoir – est toujours