L'antipopulisme ou la nouvelle haine de la démocratie (French Edition)

La question du statut social est discutée en détail dans deux articles de Seymour Lipset et Reinhard Bendix en 1951, et elle est réutilisée par le même Lipset dans son texte de 1955 incorporé au volume The New American Right97. Il y avance un argument décisif, qui ressemble étrangement aux analyses actuelles du populisme. Aux États-Unis, la politiq

Cette réduction de la démocratie aux seules élections conduit ensuite à une autre conclusion, encore plus inquiétante : si les élections portent au pouvoir des partis dits « populistes » ou les renforcent, c’est que même cette version extrêmement réduite de la démocratie donne encore trop de pouvoir aux citoyens et aux citoyennes. Cette opération p

L’opération essentielle conduite ici par les antipopulistes consiste à identifier la défense du peuple et de son pouvoir aux extrêmes du spectre politique – extrême droite et gauche démocratique confondues – et à délégitimer de ce fait tout programme de démocratisation.

Cette dernière étant assimilée aux seules élections, toute crise politique – qu’il s’agisse de la désaffection citoyenne à l’égard des élections et des partis, de l’apathie politique ou de l’émergence de partis « anti-système » – est immédiatement analysée comme une crise de la démocratie elle-même, sans voir que de telles crises peuvent aussi fair

Ces deux objectifs ne peuvent être atteints sans une forme d’éducation politique. Ce travail se fait dans les différentes organisations populistes grâce à un réseau de conférenciers et de conférencières qui, inlassablement, vont expliquer les projets des Farmers’ Alliances dans les campagnes du Sud et de l’Ouest des États-Unis. Goodwyn y voit l’un

En 1969, Peter Wiles décrivait l’idée centrale du populisme de la manière suivante : « la vertu réside dans le peuple, qui est majoritaire, et dans ses traditions collectives181 ». On ne saurait donner meilleure définition anticipée de la conception que se fait Christopher Lasch de ce phénomène. Le problème est qu’il identifie le peuple à une entit

Pour les antipopulistes, la démocratie ne peut qu’être celle décrite par Schumpeter : elle doit se limiter à des élections compétitives régulières.

Montrer le caractère antidémocratique des discours antipopulistes ne fait pas automatiquement des mouvements dits populistes des défenseurs de la démocratie, loin de là.

Pour Goodwyn, le vrai mouvement populiste se trouve dans les différentes Farmers’ Alliances des années 1870 et 1880, et dans l’immense réseau coopératif qu’elles ont mis en place. C’est la description de cette expérience authentiquement démocratique qui nous intéresse ici. Citons-en un passage très significatif : Fondamentalement, ce qui s’est répa