Cyrille ne se connaissait pas encore, il lui faudrait confronter, au fil des ans, son âme à la vie pour découvrir de quel or, de quelle misère, de quel toc elle était faite.

J’ai plus de soixante ans, vous ne croyez pas que je vais m’emmerder avec des perroquets à la mode, qui, bêtement, rabâchent ce qu’ils respirent dans les journaux, les conversations, la télé, la publicité, car on pense ce qu’on respire, il faut du courage et de la volonté pour s’en aller sur des hauteurs, inspirer un air plus pur. Il ne faut pas pe

dans un monde où les Trézenik sont rares, et le seront de plus en plus, ils doivent au contraire consigner leurs réflexions dans des livres de sorte que les solitaires des prochaines générations puissent se sentir moins seuls, et ne pas se dissoudre dans le grand Tout de la pensée informatique, calculatrice, utilitariste. Le pessimiste, au moins, t

Chacun parlait à tour de rôle, jamais plus d’une ou deux minutes, si bien que la conversation ressemblait à une fugue, à quelque chose de léger, de drôle, de vivant – le vide comme condition de la parole vive. Et si l’on parlait de soi, ce soi n’était qu’un prétexte à ce que l’interlocuteur comprît mieux une idée ou une émotion (à la façon de ces d

Il songea à Constance, à cette manie que les femmes avaient de le répudier, de le compter pour rien. Il oubliait ses succès pour mieux goûter à l’amertume de l’échec. L’ironie s’invita bientôt : « C’était bien la peine de fuir le cafard de Dourdan pour m’en fabriquer un autre, en moins de deux, à cause d’une connasse d’Ukrainienne ! »

Et je ne dis rien de leur apparence. Je ne parle jamais avec eux de ce qui me tient à cœur, ou quand j’en parle, je ne suis pas compris. Je vis sous un voile, comme une musulmane, pour ne pas heurter la pudeur de ces êtres sensibles… C’est peut-être pour ça, d’ailleurs, qu’en général, ils sont tous pour le voile, ils refusent de voir ce qui ne leur

La vie ressemble à un grand jeu de société où l’on ne cesse d’être confronté à des choix, lesquels vous portent soit vers l’avant, soit vers l’arrière, ou vous obligent à du surplace. Mais au lieu de reculer de trois cases, de passer son tour, on paie ses erreurs en impasse existentielle, en souffrance, en santé.

Et ma fille ? Est-ce que je ne dois pas lui offrir les meilleures conditions de vie ? — Tu continues de raisonner en termes de quantité, d’argent, de confort. Ta fille, mon grand, tu devras lui faire entendre, justement, que l’unique réussite est d’ordre spirituel.

Personne, avait-il dit, une nuit, alors qu’une rafale enveloppait la maison, personne ne veut jamais qu’on écrive, qu’on se retranche de la communauté pour se livrer à la réflexion, à la rêverie. De tous les arts, la littérature est le plus solitaire : si un compositeur, un peintre, un cinéaste travaillent quelquefois seuls, dans un atelier, une ch