
L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)

l’État lui prendra au moins la moitié de ce qu’il touche. Il rentre navré dans son échoppe et l’assistance se disperse. J’ai perdu ma matinée, lui la sienne, mais comment lui en vouloir ? Que faire quand tout manque ? La frugalité élève la vie, c’est entendu, mais cette pénurie continuelle l’endort. Pas la nôtre ; nous pouvons nous passer de porte-
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Qu’on puisse couvrir une page d’affilée lui paraissait prodigieux. À moi aussi. Depuis que la vie était devenue si divertissante j’avais le plus grand mal à me concentrer. Je prenais quelques notes, comptais sur ma mémoire et regardais autour de moi.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
À défaut de clients, les amis sortaient de terre sous nos pieds. Il y a en Serbie des trésors de générosité personnelle, et malgré tout ce qui y manque encore, il y fait chaud. La France peut bien être — comme les Serbes se plaisaient à nous le répéter — le cerveau de l’Europe, mais les Balkans en sont le cœur, dont on ne se servira jamais trop.
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Si je n’étais pas parvenu à y écrire grand-chose, c’est qu’être heureux me prenait tout mon temps. D’ailleurs, nous ne sommes pas juges du temps perdu.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
Le soir, pour réserver les moments de solitude qui sont si nécessaires, j’allais rôder de mon côté. Un cahier sous le bras, je passais l’eau et remontais l’avenue Nemanjina, noire et déserte, jusqu’au Mostar, un bistrot paisible, éclairé comme un paquebot, où tous les « pays » bosniaques se retrouvaient pour entendre leur magnifique musique à l’acc
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C’est que le nomadisme rend sensible aux saisons : on en dépend, on devient la saison même et chaque fois qu’elle tourne, c’est comme s’il fallait s’arracher d’un lieu où l’on a appris à vivre.
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Assez d’argent pour vivre neuf semaines. Ce n’est qu’une petite somme mais c’est beaucoup de temps. Nous nous refusons tous les luxes sauf le plus précieux : la lenteur.
Nicolas BOUVIER • L'usage du monde (Poches littérature t. 402) (French Edition)
Porté par le chant du moteur et le défilement du paysage, le flux du voyage vous traverse, et vous éclaircit la tête. Des idées qu’on hébergeait sans raison vous quittent ; d’autres au contraire s’ajustent et se font à vous comme les pierres au lit d’un torrent. Aucun besoin d’intervenir ; la route travaille pour vous. On souhaiterait qu’elle s’éte
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À la tombée du jour c’était toute la rue qui passait par l’exposition. Les Belgradois avaient trop peu de distractions pour en négliger aucune. La vie était encore assez frugale pour que chacun fût affamé de tout et cet appétit suscitait bien des découvertes.