Houellebecq: La biographie d'un phénomène (ESS DOC AUT) (French Edition)

« À trente-cinq ans il est temps de se retirer de la course, démarre Ionesco. Si course il y a. J’en avais par-dessus la tête de mon emploi. Il était déjà tard, je n’avais pas loin de quarante ans. Je serais mort d’ennui et de tristesse si je n’avais pas fait cet héritage inattendu. »

La modestie, c’est Michel Houellebecq lui-même qui le dit, n’a jamais été son fort. « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été mégalomane. Je rêvais déjà tout enfant de subjuguer l’humanité, de la séduire comme de la heurter, et finalement d’y imprimer ma marque ; mais je rêvais aussi de rester dans l’ombre, de me dissimuler derrière mes c

Le personnage est si extravagant, si tordu, si indifférent à la terre entière qu’il méprise que, lorsqu’il en parle, Michel Houellebecq est secoué d’un rire sardonique. Il jubile comme s’il se reconnaissait dans ce dandy assumé. Que ce baron hors catégorie soit parvenu, en dépit de sa singularité, à s’attirer la compréhension de ceux qui l’entouren

Quant à l’influence qu’il exercerait sur l’opinion à travers ses livres, il s’en défend. « Le rôle d’un roman est de divertir le lecteur, et la peur est une des choses les plus efficaces qu’il y ait pour y parvenir 138. » Michel Houellebecq connaît son Frankenstein par cœur et s’en amuse avec délices.

L’évocation de cet épisode, des années après, ravive la colère intacte de la mère de Michel : « Il se sent insignifiant, parce qu’il l’est. Il crève de dépit d’être insignifiant. On dit que les gens de ma génération, qui ont vécu les Trente Glorieuses, ont connu le drame de la culpabilité. On se sentait fautifs. La génération d’aujourd’hui connaît

Inconditionnel de l’auteur des Particules, il a adressé à celui-ci, sans l’avoir jamais rencontré, son deuxième roman Maniac, publié avant le controversé Pogrom, chez Flammarion, une « garantie, non pas de vente, mais d’un travail sérieux », dit-il, voix de basse, crâne rasé. Il fait partie de ces jeunes romanciers libérés des tabous dont les héros

Dans ce patchwork insurrectionnel, Michel Houellebecq analyse la manière dont le consumérisme à outrance anesthésie nos vies, les hommes en étant réduits à être des conditionnés du conditionnement, en quelque sorte.

Michel Houellebecq a emprunté une autre voie. Celle de la littérature et un style asthénique, tenu, sans fioritures, qui fait la force de ses romans. Quand on lui en fait la remarque, il invoque Arthur Schopenhauer qui disait que « la première – et pratiquement la seule – condition d’un bon style, c’est d’avoir quelque chose à dire ».

Dans Rester vivant, il prévient : « La société où vous vivez a pour but de vous détruire. Vous en avez autant à son service. L’arme qu’elle emploiera est l’indifférence. Vous ne pouvez pas vous permettre d’adopter la même attitude. Passez à l’attaque ! Toute société a ses points de moindre résistance, ses plaies. Mettez le doigt sur la plaie, et ap