Exercices Spirituels. Leçons de la philosophie antique (French Edition)

le tetrapharmakos, le quadruple remède, l’épicurisme détient son exercice spirituel permettant d’offrir la solution pour atteindre la santé de l’âme et l’ataraxie. Ce quadruple remède est une formule qu’il s’agit de se répéter, de se remémorer sans cesse, dont il faut se pénétrer, dans le but d’éviter les troubles de l’âme 16. C’est, en quelque sor

l’homme tourné vers l’avenir est celui qui, ne pensant pas au passé, ne peut penser au présent et ne peut que penser l’inexistant avenir. On trouve écho de ces positions chez Sénèque, qui précise que « l’avenir nous tient par l’espérance, le passé nous tient par le souvenir. Mais l’un est encore en suspens, et il peut très bien ne pas être, tandis

il y a un besoin de philosopher qui apparaît à la fois comme un exercice de la pensée et de la volonté. Cette pratique se présente comme la tension vers une liberté intérieure, un état dans lequel le moi ne dépend que de lui-même.

Dès ses origines, la philosophie est exercice spirituel : son enjeu prédominant est de travailler, d’exercer son âme, son esprit, pour vivre du mieux possible face aux obstacles que la vie apporte nécessairement. Quand on les pratique, les exercices spirituels permettent le soin de l’âme. Ils sont véritablement une médecine, une thérapie, qui perme

Dans l’Alcibiade, Platon affirme que, l’âme ne pouvant se connaître elle-même, elle se doit d’observer le divin 40. Elle y découvre les règles d’un comportement juste 41, d’une action politique juste. En cherchant à se connaître, et par l’observation, l’âme se trouve par conséquent dans l’apprentissage de l’action juste.

Cette ascèse se produit par le dialogue entre soi et soi. Lorsqu’un jour on demanda à Diogène comment on pouvait devenir maître de soi, il répondit : « En se reprochant à soi-même ce que l’on reproche aux autres 16. » Cette position est corroborée par le fondateur du cynisme Antisthène, à qui on demanda quel résultat il avait tiré de la philosophie

L’écartement des plaisirs comme des biens, la volonté de vivre en communauté et de participer au « soin de l’être » font émerger un véritable mode de vie des Thérapeutes, dont l’essence sera de se donner une existence complète 30

L’acte de « philosopher » ne peut prendre réalité qu’avec ses deux versants que sont theôria et praxis. Depuis Platon, souligne Juliusz Domanski, il y a une communis philosophorum opinio qui nous dit que, pour être un vrai philosophe, certes il est important de savoir comment il faut mener sa vie, mais il est tout autant indispensable de vivre en p

Dix années plus tard, Jean-Pierre Vernant utilise clairement l’expression « exercice spirituel » dans Mythe et pensée chez les Grecs, notamment à propos d’Empédocle et des remémorations des vies antérieures 6. Bien sûr il faut noter l’influent ouvrage d’Ilsetraut Hadot, Seneca und die grieschich-römische Tradition der Seelenleitung, paru en 1969 7.