Exercices spirituels et philosophie antique (Bibliothèque de l'Evolution de l'Humanité) (French Edition)
Pierre Hadotamazon.com
Exercices spirituels et philosophie antique (Bibliothèque de l'Evolution de l'Humanité) (French Edition)
les exercices spirituels sont précisément des exercices, c’est-à-dire une pratique, une activité, un travail sur soi-même, ce qu’on peut appeler une ascèse de soi.
La signification de la méthode que nous étudions nous apparaît ici sous un nouveau jour. Définir ou diviser l’objet d’une manière purement « physique », d’une manière conforme à la partie « physique » de la philosophie, c’est lui enlever la fausse valeur que l’opinion humaine lui attribuait. C’est donc le reconnaître comme « indifférent », c’est-à-
... See moreLe paradoxe et la grandeur de la philosophie antique, c’est qu’elle était à la fois consciente du fait que la sagesse est inaccessible et persuadée de la nécessité de poursuivre le progrès spirituel.
Cette mise en question de l’individu, ce « Prends souci de toi-même59 » que Socrate répète inlassablement, comment ne pas les retrouver dans ce texte de Nietzsche où, décrivant l’homme selon Schopenhauer, il le montre isolé au milieu de l’inconscience de ses contemporains : « Sous cent masques divers, jeunes gens, adultes, vieillards, pères, citoye
... See moreLe malheur des hommes provient du fait qu’ils craignent des choses qui ne sont pas à craindre et qu’ils désirent des choses qu’il n’est pas nécessaire de désirer et qui leur échappent. Leur vie se consume ainsi dans le trouble des craintes injustifiées et des désirs insatisfaits. Ils sont donc privés du seul vrai plaisir, le plaisir d’être.
Notre histoire commence avec cet événement hautement symbolique que représente la fantastique expédition d’Alexandre, et avec l’apparition du monde que l’on appelle hellénistique, c’est-à-dire l’apparition de cette forme nouvelle que prend la civilisation grecque à partir du moment où, grâce aux conquêtes d’Alexandre, puis à l’essor des royaumes qu
... See moreLe noyau originel de ce phénomène, c’est donc l’ironie de Socrate lui-même. Éternel questionneur, Socrate amenait ses interlocuteurs par d’habiles interrogations à reconnaître leur ignorance. Il les remplissait ainsi d’un trouble qui les amenait éventuellement à une remise en question de toute leur vie.
Résumons-nous. Ce que Foucault appelle les « pratiques de soi » chez les stoïciens, et aussi chez les platoniciens, correspond bien, cela est vrai, à un mouvement de conversion vers soi : on se libère de l’extériorité, de l’attachement passionnel aux objets extérieurs et aux plaisirs qu’ils peuvent procurer, on s’observe soi-même, pour voir si l’on
... See moreCe qui compte, ce n’est pas la solution d’un problème particulier, mais c’est le chemin parcouru pour y parvenir, chemin dans lequel l’interlocuteur, le disciple, le lecteur, forment leur pensée, la rendent plus apte à découvrir par elle-même la vérité (« le dialogue veut former plutôt qu’informer100 ») :