Contre-histoire du libéralisme (POCHES ESSAIS t. 416) (French Edition)

On peut dire qu’à partir de la révolution des esclaves une forte tension, une sorte de guerre froide, se développe entre Saint-Domingue-Haïti et les États-Unis.

C’est le second commencement libéral de la Révolution française. Comme, en métropole, les parlements expriment le désir d’autogouvernement de la noblesse locale, de même, dans les colonies, les Assemblées coloniales expriment la volonté d’autogouvernement des propriétaires d’esclaves.

Un fossé sépare clairement le nouveau courant politique en train de naître en France des deux fractions du parti libéral.

Le premier pays à emprunter la voie du libéralisme est celui qui manifeste un attachement particulièrement tenace à l’institution de l’esclavage. Ce sont les colons d’origine hollandaise qui, apparemment, ont opposé la résistance la plus acharnée aux premières mesures abolitionnistes, celles qui ont été introduites au nord des États-Unis pendant et

Ainsi, bien loin d’avoir été écorné par les tentatives de l’historicisme vulgaire pour le faire disparaître, le paradoxe qui caractérise la révolution américaine et le premier libéralisme en général, non seulement demeure, mais il se précise : nous sommes en présence d’un mouvement politique qui inverse la tendance par rapport à des auteurs qui, dé

En mars 1790, les colons remportent une victoire momentanée : « L’Assemblée nationale déclare qu’elle n’a pas la moindre intention de rénover aucune branche de commerce que ce soit, soit direct, soit indirect, de la France avec ses colonies ; met les colons et leurs propriétés sous la sauvegarde spéciale de la nation ; déclare criminel envers la na

Nous constatons une fois encore que ce sont les forces de l’Ancien Régime qui agissent pour freiner et contenir la nouveauté que représente l’esclavage racial.

Selon Hannah Arendt, ce qui caractérise la révolution américaine, c’est le projet de réalisation d’un ordre politique fondé sur la liberté, alors que la persistance de l’esclavage noir renvoie à une tradition culturelle présente de façon homogène des deux côtés de l’Atlantique : « Cette indifférence, que nous avons du mal à comprendre, n’était pas

Contre les projets ou les velléités abolitionnistes de Paris, les colons évoquent le spectre d’une réédition de la révolution américaine : ils sont prêts eux aussi à la sécession s’ils n’arrivent pas à obtenir l’autogouvernement, de façon à pouvoir disposer librement de leurs esclaves, sans qu’un pouvoir « despotique » n’intervienne de l’extérieur