André Gorz et l'écosocialisme (French Edition)

Nous sortons de la société de travail sans la remplacer par une autre. Nous nous savons, sentons, appréhendons chacun comme chômeur en puissance, sous-employé en puissance, précaire, temporaire, « temps partiel » en puissance. Mais ce que chacun de nous sait ne devient pas encore – et est empêché de devenir – conscience commune à tous de notre comm

Pour André Gorz, le sartrien et le marxiste, l’individu existe en se produisant lui-même, c’est la marque de son autonomie existentielle. Mais cette autonomie est largement compromise lorsqu’il est « produit » dans ses comportements et dans son imaginaire comme consommateur pour des marchandises.

L’un et l’autre refusent, pour commencer, que le temps libéré puisse être le temps où chacun reprend possession de soi : qu’ils puissent être le temps du « loisir », au sens d’otium ou de skolé, c’est-à-dire un temps du retour sur soi, de la réflexion, de la contemplation, de la jouissance gratuite et sans objet où la personne se dégage, se régénèr

Ainsi, la réduction des espaces d’existence réellement autonomes s’opère non seulement par la marchandisation d’un nombre croissant d’activités, mais également par la soumission de notre propre personne aux finalités marchandes, par « l’entreprise de soi », le dernier avatar de l’idéologie du travail. De sorte que « la mise au travail et la mise en

Ceci a été indiqué plus haut : c’est la dépossession du travailleur de son produit et de son travail lui-même par le biais de spécialisation fonctionnelle croissante et de savoirs technoscientifiques impossibles à coordonner et comprendre qui a rendu possible l’industrialisation, c’est-à-dire l’accumulation du capital. En raison même de cette hétér

« processus de déséconomisation des mentalités43 »

La création artistique doit déranger pour renouveler la manière de percevoir et la capacité d’imaginer. L’art publicitaire et la mode doivent plaire et imposer leurs normes. En tant que véhicule privilégié de ces normes, l’image de marque exerce une fonction de prise de pouvoir du capital fixe immatériel sur l’espace public, la culture du quotidien

le pouvoir sans entraves que le capital a pris sur le travail, sur la société et sur la vie de tous tient précisément à ceci : que le « travail » – celui qu’on vous fait faire, non celui que vous faites – conserve dans la vie et dans la conscience de chacun sa centralité alors même qu’il est massivement éliminé, économisé et aboli à tous les niveau

Or l’industrialisme a institué le travail en tant qu’activité purement fonctionnelle, séparée de la vie, amputée de sa dimension culturelle et coupée du tissu des rapports humains. Le travail a cessé d’être une manière de vivre et d’agir ensemble, le lieu de travail d’être un lieu de vie, le temps de travail d’être un temps ajusté aux saisons et au